C’est l’éternelle rengaine, une antienne familière, et pourtant toujours aussi mal comprise.
À chaque fois que la question ressurgit, une confusion persiste : nombreux sont ceux qui confondent pertes effectives et manque à gagner.
Lors de sa dernière audition devant la commission d’enquête sénatoriale, Luc Rémont, PDG d’EDF sur le départ, a défendu la compétitivité de l’électricité française et a rejeté l’idée que l’entreprise doive subventionner la décarbonation des industriels. Il a dénoncé le mécanisme ARENH, qui selon lui pénalise EDF depuis treize ans, en l’obligeant à vendre une part majeure de son électricité en dessous de son coût de production. Il a réaffirmé qu’EDF n’est pas une « banque de subvention », refusant d’assumer les surcoûts du gaz pour les industriels. Rémont a également souligné que le prix de l’électricité en France figure parmi les plus compétitifs d’Europe, et a mis en garde contre des tarifs artificiellement bas, contraires au droit de la concurrence.
Or, ces deux notions, bien qu’elles puissent se côtoyer dans le discours économique, relèvent de réalités distinctes qu’il est essentiel de ne pas amalgamer.
Ainsi, la Cour des comptes a expressément rappelé qu’EDF n’a pas perdu d’argent du fait de l’ARENH, sauf peut-être en 2022, année singulière marquée par des tensions exceptionnelles sur les marchés de l’énergie.
Pour autant, cela ne signifie pas que le dispositif n’a eu aucun impact sur la santé financière de l’entreprise.
En réalité, EDF aurait pu percevoir des revenus plus conséquents si le prix de l’ARENH avait été réévalué, à hauteur des coûts réels de production et des conditions de marché.
Autrement dit, le préjudice subi par EDF relève davantage d’un manque à gagner que d’une perte comptable stricto sensu.
Ce manque à gagner, bien qu’invisible dans les comptes arrêtés, fragilise la capacité d’investissement de l’entreprise et freine son potentiel de développement, notamment dans la modernisation de son parc et la transition énergétique.
Il convient donc de ne pas travestir la réalité économique par des raccourcis simplistes : EDF n’a pas été spoliée en termes absolus, mais contrainte dans ses marges, ce qui, à terme, pose un problème de viabilité pour un opérateur public censé porter des projets d’envergure stratégique.
La répétition de ces erreurs d’interprétation alimente des débats stériles, quand bien même les faits, eux, sont clairs.
Il est grand temps d’ériger une compréhension rigoureuse, dépassant les caricatures, pour envisager sereinement l’avenir du secteur électrique.
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Par Alexis Vessat, docteur en économie de l’énergie, expert en systèmes énergétiques européens.