Ce n’est pas une perte comptable à proprement parler, mais bien un manque à gagner économique, qu’il convient d’apprécier avec précision.
Le regret associé à une opportunité non réalisée est, par nature, moins vif que celui ressenti lorsqu’une ressource acquise doit être cédée.
Cette nuance, certes psychologique, éclaire les divergences d’interprétation autour du mécanisme de l’ARENH, et plus particulièrement autour du relèvement exceptionnel de son plafond décidé en 2022.
Toutefois, au-delà de cette distinction conceptuelle, subsiste une incertitude réelle quant au coût exact des 20 TWh supplémentaires que le producteur historique a été contraint de céder à ses concurrents, conformément aux arbitrages publics pris en situation de crise énergétique.
Il semblerait, selon les déclarations d’EDF, que pour honorer cette obligation, l’entreprise ait dû racheter sur le marché spot, à un prix élevé, de l’électricité déjà contractuellement engagée à terme, afin de respecter le volume imposé par le relèvement du plafond ARENH. Ce contexte, marqué par une extrême volatilité des prix, a pu engendrer un différentiel défavorable, bien qu’il soit difficile de le quantifier précisément sans données consolidées.
La question du différentiel de prix entre les achats et les ventes, et par conséquent du manque à gagner réel, a donné lieu à diverses interprétations, possiblement traitées dans un rapport de la Cour des comptes.
Une transparence accrue sur ce point reste néanmoins attendue.
Plusieurs éléments méritent d’être clarifiés :
- Quelle part des 20 TWh a effectivement nécessité un approvisionnement externe ?
- À quel prix moyen ces achats ont-ils été effectués, et ont-ils été partiellement compensés par des mécanismes de couverture ou d’arbitrage ?
- L’opération constitue-t-elle une perte financière nette, ou relève-t-elle d’un coût d’opportunité, c’est-à-dire d’un manque à percevoir par rapport à une valorisation de marché plus avantageuse ?
Il convient de rappeler que tant que le prix de l’ARENH assure la couverture des coûts de production du parc nucléaire historique, il ne saurait être considéré, juridiquement ou économiquement, comme générateur de ventes à perte.
La rémunération régulée, bien qu’inférieure aux prix de marché en période de tension, répond à une logique de service public et de stabilité tarifaire.
Dès lors, la distinction rigoureuse entre perte et manque à gagner est essentielle pour évaluer l’impact réel de l’ARENH sur le bilan d’EDF, mais également pour orienter les futures réformes du cadre réglementaire du nucléaire et du marché de l’électricité.
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Finis rerum.
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Par Alexis Vessat, docteur en économie de l’énergie, expert en systèmes énergétiques européens.