Les Virtual Power Plants (VPP) constituent un dispositif de mutualisation et de valorisation optimisée de la production ou de la consommation d’électricité.
Ce mécanisme peut s’appliquer aussi bien du côté de l’offre que de celui de la demande.
Côté consommation, des entreprises peuvent se regrouper au sein d’un agrégateur afin d’acheter collectivement de l’électricité et de piloter de manière coordonnée leur profil de charge. Côté production, des opérateurs peuvent agréger plusieurs unités de génération, parfois de petite taille ou réparties géographiquement, afin de les exploiter comme une entité unique sur les marchés de l’électricité.
Le VPP permet ainsi de créer une centralisation fonctionnelle sans centralisation physique, fondée sur des outils numériques de gestion et de prévision.
Au-delà de son intérêt opérationnel, le recours aux VPP s’inscrit dans une réflexion plus large sur la dissociation entre propriété des actifs et droit d’usage de la production.
Cette logique a trouvé une traduction concrète lors de l’entrée d’EDF au capital de l’énergéticien allemand EnBW.
Afin d’éviter une concentration anticoncurrentielle sur le marché de l’électricité, la Commission européenne a imposé à EDF la cession d’une partie de sa capacité de production sous forme de VPP. Cette cession prenait la forme d’enchères : EDF restait propriétaire des installations, mais était contraint de mettre à disposition une partie de l’électricité produite à des opérateurs tiers, adjudicataires des volumes.
Ce mécanisme repose donc sur une rupture fondamentale avec la logique de propriété intégrale : l’opérateur conserve l’actif, mais perd le droit exclusif sur l’énergie qu’il génère.
Les mégawattheures issus de cette production deviennent ainsi accessibles à des concurrents, créant une forme de concurrence par l’accès, sans recourir à la cession d’infrastructures.
Un dispositif comparable avait été envisagé en France lors de la création de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique).
L’objectif était de permettre aux fournisseurs alternatifs de bénéficier d’une partie de la production nucléaire d’EDF, sans transfert de propriété sur les centrales.
Toutefois, une différence fondamentale sépare les deux mécanismes.
Dans le cas des VPP, les volumes cédés le sont au prix du marché, déterminé par les enchères.
En revanche, dans le cadre de l’ARENH, les volumes sont attribués à un prix régulé, fixé par l’État, censé refléter le coût économique du parc nucléaire historique.
Ce contraste révèle une divergence de conception entre deux philosophies de l’ouverture à la concurrence.
Les VPP s’inscrivent dans une logique de marché concurrentiel pur, où l’allocation des ressources se fait selon des mécanismes de prix.
L’ARENH, au contraire, repose sur une intervention publique forte, visant à préserver l’équilibre économique du secteur tout en garantissant un accès équitable à une électricité à bas coût, issue d’un patrimoine public.
Ainsi, les VPP et l’ARENH apparaissent comme deux instruments complémentaires mais contrastés de mise en concurrence du secteur électrique, incarnant deux approches opposées de la régulation : l’une fondée sur le marché, l’autre sur la puissance publique.
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Finis rerum.
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Par Alexis Vessat, docteur en économie de l’énergie, expert en systèmes énergétiques européens.