Je me permets de citer la remarque contribution de Mr. Fabien Choné, président de la société FABELSI, en réponse à l’article publié dans la le journal économique et financier français La Tribune intitulé « L’année 2023, le début de la remontada pour EDF ? » que vous pouvez retrouver en cliquant sur le lien suivant.
EDF va battre son record d’EBITDA en 2023 juste après la pire année de son histoire. Alors Remontada ou Miracle ?
Le président d’EDF laisse croire à une remontada industrielle en affirmant que 2023 a marqué le « retour » à une « dynamique » de « production à haut niveau ». Mais la réalité est toute autre : avec 320 TWh de production attendue, 2023 sera certes 40 TWh au dessus de 2022, mais restera 80 TWh en dessous du standard historique du parc français à 400 TWh. Bien que tout à fait remarquable, l’amélioration de la performance opérationnelle du parc n’est donc pas la vraie raison de l’exceptionnelle performance financière d’EDF en 2023.
Mais d’où vient alors ce miracle financier ?
Comme souvent avec les miracles, l’origine de cet exceptionnel résultat est lié à un mensonge. Celui de l’Arenh qui serait « un poison » pour EDF. La vérité est inverse. Avec la complicité de l’état, EDF a profité à plein en 2023 du défaut principal de l’Arenh, son plafonnement. Sans rentrer dans l’affreuse complexité du mécanisme et de son impact dans les tarifs, réglementés ou non, EDF a bénéficié en 2023 d’un effet d’aubaine d’environ 22 milliards d’euros. Ceci a permis à EDF de vendre à tous les français, client ou non d’EDF, l’énergie correspondant à leurs droits d’Arenh, c’est à dire leurs droits de tirage sur le parc nucléaire, à 164€/MWh et non 42€/MWh ! On est bien loin du poison… En tant qu’actionnaire indirect d’EDF, on peut se réjouir que notre « champion national » retrouve enfin un peu d’oxygène financier.
Mais ce mensonge a eu en fait 2 conséquences néfastes :
1°) Il a permis à l’Etat d’exproprier les actionnaires minoritaires d’EDF a un prix illégitime, car juste après les résultats catastrophiques de 2022, et sans dire la vérité sur ce qui se passerait en 2023 et ensuite. Et même si c’est un profit pour l’Etat, et donc tous les français, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la place financière de Paris que nos règles boursières soient ainsi bafouées.
2°) Il a disqualifié l’Arenh pour la régulation post 2025, alors que ses principes étaient bons et que seuls certains défauts devaient être corrigés (plafonnement et disymetrie essentiellement). Cela a ouvert la voie à la pseudo-régulation retenue par le gouvernement qui présente tous les défauts imaginables, sauf celui pour EDF de maintenir des prix élevés le plus longtemps possible…
La conclusion de Mr. Choné est sans appelle :
Espérons que la présentation des « miraculeux » résultats 2023 d’EDF en 2024, et que le soulèvement des consommateurs contre l’absurdité de la future régulation, permettent une réhabilitation de l’ARENH d’une part, mais surtout d’autre part que les parlementaires se saisissent de l’ouverture vers les CFD permise par la future directive, pour imposer une régulation solide donnant de la visibilité à toutes les parties.
En résumé, le plafonnement de l’ARENH fait que mécaniquement au lieu de comptabiliser tout le nucléaire à 42 euros dans le TRV seule une part de 45 % l’est sur la base de l’ARENH.
Donc 55% est vendu au prix de gros ou complément marché (aux alentours des 160 euros par MWh).
Par conséquent, c’est bien le principe de la contestabilité du TRV qui est au centre de ce paradoxe.
La structure du TRV doit être la même que celle des offres de marché des concurrents.
Pour ce qui est de la répartition 45% d’ARENH et 55% de complément marché, il suffit de poser une question simple : Quelle est la valeur de X qui vérifie cette inégalité ?
Arithmétiquement, cela se traduit par le calcul suivant : 0,45 X (42) + 0,55 X (130) > 0, 70 X (42) + 0,30 X (130) ?
Dans ce cas de figure, le plafonnement de l’ARENH est favorable à EDF.
En vérité, l’inégalité est toujours vérifiée quelle que soit la valeur de X donc EDF est toujours gagnant avec ce système.
La seule variable qui peut modifier les choses c’est le partage 45/55%.
En effet, plus on se rapproche du poids du nucléaire dans le mix électrique, soit 70%, moins EDF est gagnant.
Finis rerum.
Direction des Études Économiques.
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